Réussite professionnelle, succès amoureux, prospérité financière... Notre société s’est souvent questionnée sur la recette de ceux auxquels rien ne résiste.
Y aurait-il une combinaison spécifique permettant de rencontrer à coup sûr de grandes réussites en contournant les situations difficiles ? Est-ce qu’au contraire, les vainqueurs seraient tout simplement des vaincus ayant capitalisé sur leurs échecs ?
Voilà notre souhait à travers cet article : démystifier l’échec pour savoir prendre du recul et se recentrer sur le moment présent.
Nous évoquerons dans cet article issu de l’analyse de Clément Le Coz, psychologue, la peur de l’échec, ce qu’elle révèle de nous, et surtout comment vivre l’échec avec sérénité, sans le minimiser ni le dramatiser.
Une étape indispensable pour la carrière professionnelle, mais aussi et surtout pour la santé mentale au travail et la prévention du risque de burn-out.
Reconnaître et accepter l’échec, première étape de la réussite
L'échec professionnel est une expérience presque inévitable dans une carrière, et pourtant, il demeure un sujet souvent tabou. Cependant, reconnaître que l’on a échoué, comprendre sous quelle forme se manifeste l’échec et entrer dans une phase d’acceptation sont essentiels pour avancer.
Mais d’abord, qu’est-ce qu’un échec professionnel ? Il peut prendre différentes formes, et chaque individu peut en avoir sa propre perception. Il peut par exemple s’agir d’un projet qui n’aboutit pas, d’un objectif non atteint, d’une opportunité de promotion manquée, d’un entretien d’embauche non concluant ou même de la perte de son emploi. Quelle que soit sa forme, il est essentiel de le reconnaître pour ce qu'il est : une partie intégrante du parcours professionnel.
Reconnaître l'échec commence par accepter que l'erreur et l'imperfection sont inhérentes à tout processus d'apprentissage. Dans le monde professionnel, où la performance et le succès sont souvent glorifiés, admettre un échec peut sembler contre-intuitif. Cependant, cette reconnaissance est la première étape vers la résilience. Elle permet de sortir du déni, de cesser de chercher des excuses ou de blâmer les circonstances extérieures, et de commencer à analyser objectivement ce qui n'a pas fonctionné.
Analyser la situation d’échec et en tirer les leçons
Tous les échecs ne se valent pas : ils n’ont pas les mêmes causes ni les mêmes répercussions.
Comprendre la nature de l'échec implique de se pencher sur ses causes profondes. Cela nécessite une réflexion introspective, mais aussi une évaluation des facteurs externes. Était-ce un manque de compétences, de préparation, ou de ressources ? Y a-t-il eu une erreur de jugement, de communication, ou des imprévus qui n'ont pas été anticipés ? En identifiant ces éléments, on peut non seulement comprendre pourquoi l'échec s'est produit, mais aussi éviter de répéter les mêmes erreurs à l'avenir. Par exemple, si c’est un problème de compétences qui a été décelé, il serait pertinent d’envisager une formation pour pallier cette difficulté. Et s’il y a eu des erreurs de communication au sein de l’équipe, pourquoi ne pas en référer au manager ? Il pourra fournir des conseils, mais aussi mettre en place des actions pour une meilleure gestion des projets et une communication plus efficace.
Contextualiser l’échec professionnel est également crucial. Il peut être ponctuel et limité à une situation spécifique, ou il peut révéler des lacunes plus profondes dans des compétences ou des stratégies professionnelles. En reconnaissant cette distinction, on peut mieux évaluer l'impact de l'échec sur la carrière et déterminer les mesures correctives appropriées.
Enfin, il est essentiel de dissocier un échec qu’on a subi de nos valeurs et de nos capacités en tant que personne. L’échec professionnel ne définit pas un collaborateur : c’est un événement ponctuel, auquel chacun devra faire face à un moment de sa carrière, et qu’il faut aborder comme un tremplin vers l’amélioration continue.
Développer une stratégie et une pensée positive pour limiter les échecs et mieux les affronter
Ce n’est pas parce qu’un échec fait partie intégrante du monde de l’entreprise qu’il faut le concevoir comme une fatalité. Il faut avoir la capacité de l’intégrer dans sa vie professionnelle, tout en l’utilisant comme une force et en se servant des erreurs passées pour limiter le risque de nouvelles déconvenues. Voyons plus en détail comment faire face à l’échec, et comment éviter qu’il survienne.
Craindre l’échec peut créer l’échec et détériorer la santé mentale au travail
L’appréhension de l’échec, c’est un peu comme un cercle vicieux : elle crée et induit des émotions négatives qui nous poussent, paradoxalement, à rencontrer l’échec.
Souvent, ce sont de subtils mécanismes inconscients qui, accumulés, alimenteront cette inquiétude : augmentation du stress au travail, de l'anxiété, suivis d’une baisse de l'estime de soi et de la confiance en soi, qui sont autant de causes de burn-out.
Le premier pas vers la rupture de ces schémas qui nous échappent souvent est tout simplement d’en prendre conscience.
Cette fameuse peur de l'échec se manifestera souvent par des stratégies d'autohandicap (appelées aussi “autosabotage”) qu’on appliquera sans s’en rendre compte.
Voici un exemple évocateur :
“Je travaille avec des sportifs qui, pour protéger leur ego et anticiper l’échec, ne vont pas aller s’entraîner de la semaine ou vont faire la fête la veille d’un match.”Clément Le Coz
Pour canaliser nos petits stratagèmes inconscients, une recommandation souvent efficace : s'obliger à donner le maximum de soi pour atteindre un objectif.
Il reste cependant indispensable de rester réaliste et d'avoir des objectifs précis et pertinents.
Notre Tip teale : pour décliner vos objectifs en actions concrètes, n’hésitez pas à vous baser sur une technique scientifiquement validée, la méthode S.M.A.R.T.
Il vous suffit de vous fixer des objectifs spécifiques, mesurables, atteignables, réalisables, et temporellement définis.
Creusez cette méthode pour l'appliquer au quotidien grâce aux conseils répertoriés dans la solution teale, dédiée à la Santé Mentale des collaborateurs.
Travailler sur les perceptions pour mieux vivre l’échec
Les perceptions, ce sont toutes les représentations qu’on a du monde et de notre quotidien. En somme : tout dépend de nos perceptions.
Notre perception de l’échec, à défaut d’être une vulnérabilité dont on souffre, peut être une force indéniable si on s’emploie à le percevoir comme une expérience qui va nous permettre d'en sortir plus avisé.
“Un sportif peut être très content de la troisième place parce qu’il n’en a pas l’habitude, alors que d’autres vont être déçus de finir 3e.” Clément Le Coz
Autre chose par rapport aux perceptions : elles sont basées sur la manière dont on se perçoit soi-même dans une situation, d’où l'importance d'avoir une certaine confiance en soi. On parle évidemment ici de perceptions personnelles, dites humaines, et donc subjectives, uniques.
Dès lors qu'on a pris conscience de nos perceptions par rapport à l'échec, on tente de rationaliser ses pensées pour apprendre à relativiser.
Un outil assez simple pour rationaliser sa perception de l'échec en trois étapes :
Noter premièrement tout ce qu'on a réussi dans la situation concernée.
Noter tout ce que l'on a appris dans ces circonstances : on ne se concentre pas sur le négatif, mais uniquement sur notre apprentissage.
Noter ce qu'on a le mieux fait que d’ordinaire dans cette situation pour finir sur une note positive et valoriser vraiment nos compétences.
Pratiquez l’autocompassion
Faire preuve d'autocompassion, c'est se parler à soi-même de manière attentionnée et bienveillante, sans jugement. Pensez, par exemple, aux mots qui vous viendront à l’esprit pour consoler un ami en situation d'échec.
Si l'autocompassion aide à surmonter les échecs, c’est parce qu'on est souvent bien plus dur envers soi-même qu’envers les autres. On a d’ailleurs remarqué en psychologie que la persuasion verbale (le fait de se répéter de nombreuses fois les choses) fonctionne.
Positivement, mais aussi dans le sens inverse : si on se répète qu'on n’est pas doué, on va finir par y croire. Au contraire, plus on se valorise, et plus on développe la confiance en nous.
Les personnes qui ne pratiquent pas l'auto-compassion ont aussi souvent tendance à se blâmer, ce qui augmente le stress en diminuant la confiance en soi.
Si vous souhaitez pratiquer l'autocompassion, Clément Le Coz recommande de s'écrire un texte à soi-même en utilisant le “tu” comme si on réconfortait un ami ayant échoué, ce qui aide à prendre de la distance.
Pratiquer l’acceptation
Première étape vers l'acceptation de nos émotions : en prendre conscience, et les nommer. Une fois qu'on a verbalisé nos ressentis, il est plus facile de les accepter. Cette acceptation permet ensuite de prendre de la hauteur.
À l'inverse, le fait de ruminer empêche d'aller de l'avant. Ce blocage renforce notre sentiment face à cette situation, et entretient donc nos émotions négatives.
Étonnamment, l’échec est d’ailleurs très fréquent chez les personnes qui sont socialement valorisées : celles qui ont socialement réussi sont souvent celles qui ont le plus connu l'échec.
Souvenez-vous-en : échouer, c’est avant tout accepter d’être faillible, et donc humain.
Accepter d’être humain pour apprendre à lâcher prise
Reconnaître son échec est une forme d'humilité : cela prouve qu’on n’est pas centré sur l’ego et donc capable de reconnaître nos torts. Là se situe le premier pas vers notre développement.
Refuser l’échec, c'est un peu refuser de grandir puisque lorsqu’on nie nos torts, on bloque la possibilité d’apprendre et donc de s’améliorer.
Reconnaître ses échecs permet d’affirmer qu'on a le courage de surmonter et d’utiliser nos erreurs pour aller de l'avant.
“Désormais, dans les entretiens d’embauche, on demande souvent aux candidats s’ils ont déjà connu l’échec. Et quelqu’un qui n’a jamais connu l’échec, ça fait peur car cela sous-entend que la personne n’est pas en mesure de reconnaître ses torts, donc elle n’apprend pas et n’évolue pas.”Clément Le Coz