Les risques psychosociaux : définition, impacts et prévention
Si le terme de risques psychosociaux (abrégé « RPS ») est relativement récent, c’est un phénomène qui touche depuis toujours les travailleurs. Mais que met-on exactement derrière cette notion de RPS ? Pourquoi est-ce important de s’y intéresser et quelles sont les actions pour prévenir et réduire leur apparition ?
Nous verrons que derrière les risques psychosociaux se cachent des problèmes de santé publique, de bien-être au travail, de performance, et bien plus encore. Nous mettrons en lumière les tenants et aboutissants des RPS, pour comprendre pourquoi et comment agir, notamment via une meilleure qualité des conditions de travail.
Que sont les risques psychosociaux ?
Les risques psychosociaux se définissent comme les risques pour la santé physique et la santé mentale encourus par les travailleurs. Cela couvre donc un large spectre de difficultés et de symptômes, allant de l’anxiété aux troubles du sommeil en passant par les troubles musculosquelettiques, les addictions, l’épuisement professionnel, la tension artérielle, l’irritabilité, etc.
Ces RPS peuvent toucher tous les travailleurs, qu’importe leur statut et leur fonction (entrepreneur, salarié, dirigeant, etc.), et se retrouvent dans tous les secteurs d’activité. Une raison suffisante pour en évaluer les facteurs et ainsi mieux comprendre pourquoi et quand ils se manifestent.
Quelles sont les causes fréquentes de risques psychosociaux ?
Les facteurs de risques psychosociaux sont nombreux et variés, et potentiellement cumulatifs. On peut distinguer plusieurs catégories de facteurs de risque, plus ou moins impactantes et auxquelles un individu peut être plus ou moins sensible en fonction de ses valeurs, de ses attentes, de sa vision du monde professionnel, de sa fragilité émotionnelle, etc.
L’environnement de travail
Des troubles comme le stress, la fatigue ou encore les TMS sont largement impactés par l’environnement dans lequel évoluent les salariés. Les facteurs de risques psychosociaux environnementaux incluent par exemple la surexposition au bruit, le manque d’ergonomie du poste de travail, la luminosité insuffisante ou au contraire éblouissante, les conditions climatiques pour les travailleurs en extérieur, les risques professionnels sur la sécurité physique, etc.
La charge, le contenu et l’organisation du travail
Les RPS, notamment quand ils ont trait au stress, à la fatigue et aux maladies qui peuvent en découler, ont aussi des facteurs liés intrinsèquement au travail. Une charge excessive, une pression constante, une mauvaise répartition des tâches ou une routine démotivante sont autant d’exemples de risques psychosociaux.
Le manque d’autonomie est par ailleurs identifié comme un facteur important de RPS, créant une pression insidieuse et des difficultés à s’exprimer librement.
Le contenu du travail a également son importance : l’inadéquation entre les missions et les compétences peut être source de frustration et de stress supplémentaire. Par ailleurs, n’occultons pas le poids des valeurs au travail. Les risques psychosociaux peuvent en effet être liés à un désaccord entre les missions qui nous sont confiées et nos propres valeurs, pouvant créer un conflit intérieur ou même plus concrètement un conflit avec ses supérieurs.
Selon le Baromètre de la Santé Mentale des Salariés, le niveau de stress des salariés est toujours très élevé et impacte leur santé : parmi les salariés se déclarant stressés, 48 % estiment ne pas avoir un niveau de stress gérable au travail et attribuent leur état de stress à leur environnement professionnel.
Les interactions socio-professionnelles
La qualité des relations au travail est un autre point central quand on s’intéresse aux risques psychosociaux. Une ambiance tendue, des non-dits ou des désaccords récurrents peuvent en effet avoir des impacts sur la santé mentale des collaborateurs. L’isolement d’un salarié peut également grandement impacter son bien-être mental.
Malheureusement, cela va parfois plus loin : les RPS peuvent survenir à cause de violences morales ou physiques au travail, de harcèlement moral et/ou sexuel, etc.
La considération des salariés dans l’entreprise
Dans le monde professionnel et dans le cadre de pratiques managériales efficaces et éthiques, la reconnaissance et l’écoute sont des éléments-clés pour assurer le bien-être des salariés. Au contraire, lorsque les collaborateurs ne sont ni remerciés ni récompensés pour un travail bien réalisé, pour avoir répondu efficacement à une demande urgente ou encore pour avoir atteint leurs objectifs, la santé mentale peut en être affectée. Des ressentis comme une baisse de l’estime de soi, un sentiment d’injustice ou une perte de motivation peuvent effectivement survenir et s’installer durablement.
Une culture d’entreprise qui priorise les performances et les chiffres à la santé mentale au travail est aussi un facteur réel de RPS. Les salariés ne sentant pas écoutés ni considérés peuvent en venir à la pratique du présentéisme, lui-même facteurs de risques pour la santé mentale et physique.
Le contexte économique de l’entreprise
La dernière catégorie de facteurs à évoquer concerne la situation financière et économique de l’entreprise et ses impacts potentiels sur l’emploi. Dans un contexte insécurisant (ex. : projet de fusion-acquisition, baisse significative du chiffre d’affaires), les risques psychosociaux sont plus importants. Les salariés peuvent en effet s’inquiéter de perdre leur emploi, de ne jamais voir leur CDD se transformer en CDI, de voir leur salaire diminuer, etc.
Quelles sont les répercussions des RPS en entreprise ?
Les problèmes des RPS touchent évidemment directement les travailleurs, qui sont affectés au niveau moral, mental et/ou physique. Cependant, la réflexion va plus loin : leurs conséquences affectent toute l’équipe de travail et même l’entreprise dans son entièreté.
Les conséquences sur les salariés
Aucune répercussion du travail sur la santé mentale ou la santé physique d’un travailleur ne doit être prise à la légère. Une pression et une charge de travail trop importantes peuvent par exemple conduire au burn-out, et pire encore, au suicide. Une situation de stress aigu peut conduire à de l’agressivité, voire des incivilités dans le cadre du travail. Le harcèlement peut engendrer une perte de motivation, une angoisse, et même une dépression. Autant de rappels que les RPS vont en fait bien au-delà de la simple notion de « risque » et ont des conséquences bien réelles.
Les impacts au niveau de l’organisation
Pour les entreprises aussi, les RPS peuvent avoir des effets très sérieux sur la productivité, la pérennité de l’activité, les possibilités de se développer, etc. En effet, dans un environnement où les risques psychosociaux sont nombreux et intenses, on risque de faire face à plus d’absentéisme, de présentéisme aussi, de turnover, d’épuisement professionnel affectant la productivité, des conflits qui peuvent affecter le climat social et le travail d’équipe, d’accidents du travail, etc.
Tout cela mène à une conclusion claire : les employeurs n’ont d’autre choix que de mettre en œuvre des mesures d’évaluation, de gestion et de prévention des risques psychosociaux et une vraie politique QVT, tant pour des raisons éthiques qu’économiques.
Stratégies de prévention des risques psychosociaux : quelles mesures prendre ?
Savoir qu’il existe des risques psychosociaux est une chose. Savoir quel plan d’action établir et comment favoriser le bien-être des salariés en est une autre. Voici donc quelques pistes pour la prévention des RPS.
Première étape : évaluation et définition des risques
D’une entreprise à l’autre, d’un département à l’autre parfois, les risques psychosociaux peuvent être différents. Dans un premier temps, il convient de respecter la réglementation en établissant un Document Unique d’Évaluation des Risques Professionnels, et surtout en le mettant à jour régulièrement.
Ce document est une base solide pour savoir quels sont les risques auxquels il faut faire face. Ils peuvent être identifiés selon le secteur d’activité de l’entreprise, son nombre de salariés, son organisation hiérarchique, l’analyse des RPS qui ont déjà été répertoriés dans l’entreprise, etc.
Un outil comme le baromètre QVT peut être bénéfique dans le cadre de cette démarche, puisque cela consiste à enquêter sur le bien-être ressenti par les salariés eux-mêmes.
Deuxième étape : formation, action et sensibilisation collective
Après avoir ciblé les risques majeurs, il devient plus aisé de mettre en œuvre des actions de prévention. Si l’un des risques principaux est lié à la surcharge de travail, pourquoi ne pas revoir l’organisation ou embaucher pour permettre à chaque collaborateur d’avoir un meilleur équilibre vie privée et vie professionnelle ? Si l’environnement de travail semble être un facteur important, pourquoi ne pas faire appel à un ergonome pour résoudre ces problèmes ?
Sans oublier les actions génériques qui favoriseront toujours le bien-être des salariés : écoute, autonomie, confiance, reconnaissance, politique stricte contre le harcèlement et la violence, etc. La mise en place d’une formation pour les managers et pour les salariés sur ces sujets peut être envisagée pour favoriser la prévention des RPS.
Troisième étape : mise à disposition d’outils de bien-être au travail
Pour faire perdurer le bien-être des salariés, certains outils se révèlent très efficaces. Citons par exemple la solution teale, dédiée au soutien mental des collaborateurs, proposant un accompagnement individuel et collectif.
Des outils d’analyse et de suivi se révèlent également importants pour les managers et les ressources humaines : tableau de suivi de l’absentéisme, étude du turnover, comparatif du nombre de demandes de consultation de la médecine du travail, etc. Ces éléments peuvent en effet indiquer une recrudescence des risques psychosociaux, et donc une nécessité d’agir pour leur prévention et leur correction.