teale l'évoquait dans son Livre Blanc "Absentéisme en entreprise : prévenir plutôt que guérir grâce à la Santé Mentale", de nombreux salariés travaillent même lorsqu'ils devraient être en arrêt maladie. Et ce phénomène n'a malheureusement pas perdu d'ampleur. Un compte rendu publié en 2017 par Malakoff Humanis indique par exemple que 20 % des arrêts de travail prescrits en France n’ont pas été pris en 2016. Dans une autre étude publiée en 2019 par ce cabinet, on apprend que 39 % des salariés français vont travailler même s’ils sont malades.
Alors, comment expliquer cet hyperprésentéisme au travail, et pourquoi est-ce un enjeu crucial pour les organisations ? Quels sont les moyens à disposition des entreprises pour lutter contre ce fléau qui affecte le monde du travail ? Voici quelques éléments-clés pour répondre à ces questions.
Qu’est-ce que le surprésentéisme en entreprise ?
Le surprésentéisme se réfère à la pratique où les employés se présentent au travail même s'ils sont malades, épuisés ou incapables de fonctionner à leur plein potentiel. Ainsi, malgré des problèmes de santé physique ou mentale qui auraient pu leur valoir un arrêt maladie ou un aménagement de leur poste ou des horaires, les salariés continuent à venir sur leur lieu de travail dans les conditions habituelles.
Le surprésentéisme est ainsi l’une des formes du présentéisme, qui peut aussi se présenter sous d’autres formes. Par exemple, il y a ce que l’on appelle le présentéisme « contemplatif », lorsque les salariés sont bien présents, mais n’effectuent pas les tâches qu’on leur confie, par désintérêt, par manque de motivation, etc. On trouve aussi le présentéisme « stratégique », qui consiste à faire bonne figure auprès des collègues et de la hiérarchie, en passant plus de temps au travail que nécessaire (ex. : finir le travail effectif à 17h30, mais rester au bureau jusqu’à 18h30).
En revanche, le surprésentéisme ne doit donc pas être confondu avec la notion d’absentéisme. Il s’agit là d’une situation où les employés sont absents de leur poste pour maladie ou pour une raison non planifiée et/ou non justifiée.
Pourquoi le surprésentéisme est-il une problématique à prendre au sérieux ?
Envisager le surprésentéisme comme une forme d’engagement et de dévotion positive des salariés serait une erreur. En effet, ce phénomène a de nombreuses conséquences néfastes, tant au niveau des collaborateurs en tant qu’individus, qu’au niveau des équipes et de l’entreprise en tant qu’entité.
Une perte de productivité pour l’entreprise
Même le salarié le plus expérimenté et le plus performant d’ordinaire risque de perdre en productivité s’il travaille dans un état de fatigue, en étant malade ou en souffrant de troubles psychologiques. La concentration est moindre, la réflexion et les gestes sont ralentis, la motivation est en berne : autant de facteurs qui affectent la qualité du travail et la productivité.
Des risques accrus d’erreurs et d’accidents
Le surprésentéisme peut conduire à une augmentation des erreurs au travail. Les employés malades ou épuisés peuvent avoir des difficultés à se concentrer, à prendre des décisions éclairées et à accomplir leurs tâches avec précision, ce qui peut entraîner des erreurs coûteuses ou potentiellement dangereuses, et même engendrer des accidents du travail.
Une aggravation de la santé physique et mentale des collaborateurs
Travailler tout en étant malade ou épuisé peut aggraver les problèmes de santé existants et prolonger la durée de la maladie. Cela peut également compromettre le processus de récupération et augmenter le risque de transmission de maladie à des collègues.
Et au-delà des aspects physiques, il y a aussi un risque de détérioration du moral et du bien-être. Le surprésentéisme peut en effet entraîner une augmentation du stress, du sentiment de surcharge au travail, d’insatisfaction, et mener in fine vers un désengagement au travail.
Un phénomène qui peut accroître l’absentéisme à long terme
Le surprésentéisme non géré peut contribuer à une augmentation de l'absentéisme à long terme. Les employés qui ne prennent pas le temps de se reposer et de récupérer correctement peuvent finir par développer des problèmes plus graves qui nécessitent des congés prolongés pour guérir (troubles musculosquelettiques qui mènent à une invalidité partielle ou totale, burn-out, etc.).
Comment réduire le taux de surprésentéisme parmi ses équipes ?
Il s’agit donc incontestablement d’un problème que les entreprises doivent prendre à bras le corps, tant pour conserver leur performance économique et leur compétitivité, que pour prendre soin de leurs salariés. Mais comment procéder concrètement ? Quels sont les rôles de l’employeur, des managers et des ressources humaines ?
Comprendre les sources du surprésentéisme
D’une entreprise à l’autre et d’un salarié à l’autre, les raisons de l’absentéisme sont variables. Il convient d’abord de bien les identifier pour pouvoir mettre en place des mesures adaptées. Charge alors aux managers et aux ressources humaines de récolter des informations sur le sujet et de les analyser, à travers des questionnaires, des entretiens, des outils de feedbacks, etc.
Les bonnes questions doivent se poser : la culture d’entreprise place-t-elle la performance et l’engagement au-dessus de toute considération de santé, auquel cas une personne se sent stigmatisée et craint des répercussions si elle est absente, voire de perdre son emploi ? Les délais à courte échéance et la pression exercée sur les collaborateurs les obligent-ils à être présents en toutes circonstances ? La répartition du travail entre collègues et l’aménagement des horaires sont-ils suffisamment flexibles pour permettre de combler une absence temporaire ? Le fait d’être absent implique-t-il une perte financière qui incite les salariés à venir travailler pour conserver leurs revenus, etc. ?
Favoriser un environnement propice à la santé mentale et physique
Tout comme pour réduire le taux d’absentéisme, il est essentiel de s’intéresser à la santé mentale au travail et à la sécurité physique des travailleurs pour lutter contre le présentéisme. C’est une manière d’agir « à la racine du mal », en prévenant les maladies de tout type.
Pour cela, une multitude d’actions se révèlent efficaces, comme un plan de lutte contre les risques psychosociaux, l’application du droit à la déconnexion en dehors du lieu de travail, la promotion d’un meilleur équilibre entre vie personnelle et vie professionnelle, la conception de postes de travail ergonomiques, une communication multilatérale, etc.
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Adopter un management par l’exemple
Notons enfin l’importance que revêt le comportement des managers pour faire face à l’hyperprésentéisme. Manager par l’exemple est sans doute l’une des méthodes les plus efficaces pour faire comprendre à une équipe que chacun a le droit, et presque le devoir, d’être absent lorsque sa santé est en jeu. En tant que manager, vous devez donc vous aussi prendre soin de votre santé mentale et physique et vous autoriser des absences quand cela s’avère nécessaire.
Suivre une formation peut aussi être d’une grande utilité, afin de savoir identifier les signes du présentéisme, d’accompagner les travailleurs dans leur gestion du stress, de favoriser une communication ouverte, etc.