Identifier les signes du burn-out pour prévenir l’épuisement

L’épuisement, c’est cette discrète inquiétude qui surgit subtilement dans notre esprit lorsqu’on sait qu’on a trop tiré sur la corde.  

 Malgré notre motivation légendaire, la fatigue associée à l’anxiété apparaît au fil des jours. 

De nombreuses tâches à gérer simultanément, une oppressante surcharge de travail, des tâches simples qui nous paraissent finalement insurmontables… 

 On culpabilise, on se questionne, sans remarquer que les symptômes, eux, s’accumulent. 

Dans cet article, Clémence Ruelle, psychologue du travail, décrypte pour nous le burn-out, ses impacts au quotidien et surtout les façons de parvenir à le prévenir. 

Rappelons-le : cet article ne remplace pas une prise en charge médicale en cas de besoin.  Si vous vous sentez épuisé, n'hésitez pas à solliciter un professionnel si besoin, qu’il s’agisse de votre médecin traitant, du médecin du travail, d’un psychologue ou d’un psychiatre. 

Burn-out : le comprendre pour le prévenir

Selon Christina Maslach, chercheuse américaine en psychologie et référence dans le domaine de l’épuisement, le burn-out est un ensemble de symptômes à la fois physiques, physiologiques, psychologiques, et comportementaux.  

À l’origine de ces manifestations : l'accumulation de stress professionnel.  

Le syndrome d'épuisement professionnel (ou burn-out) est un processus tridimensionnel qui se manifeste la plupart du temps par :  

  1. Un épuisement physique, mais aussi psychologique. La fatigue de l’esprit (ou “charge mentale” comme on l'entend souvent) s’ajoute à un épuisement physique. On a de plus en plus de difficultés à s'endormir, pour des nuits beaucoup moins récupératrices que d’ordinaire. On se trouve dans un état de fatigue chronique, qui peut être associé à de la somnolence, un trouble de la concentration, etc. 

  2. Une dépersonnalisation. Psychologiquement, c'est une forme de cynisme qu’on va développer, une forme de dissociation avec ce qu’on fait au quotidien et ce qu’on produit. On n'a plus vraiment le contrôle de ce qu’on fait, ce qui nous conduit vers la troisième dimension du burn-out. 

  3. Une perte d'efficacité. Il s’agit de l’aspect le plus visible en entreprise (par les managers notamment). On fera plus d'erreurs, on aura plus de mal à respecter certaines échéances. Cet aspect peut nous amener à nous dévaloriser, alimentant un sentiment de mal-être qui rompt notre productivité. On perd donc confiance en nous, d’où la création d’un cercle vicieux parfois difficile à neutraliser. 

La difficulté à prévenir et à gérer le burn-out tient en partie à la pluralité de facteurs qui peuvent l’engendrer. Les causes sont majoritairement liées au stress dans l’activité professionnelle et l’environnement de travail (quantité de travail trop importante, conflits dans l’équipe, pression des managers, etc.), mais dépendent aussi de l’individu. Chaque personne a ses propres capacités cognitives, physiques et émotionnelles, qui délimitent le moment à partir duquel on passe d’une charge mentale acceptable à un surmenage et un épuisement professionnel. 

Toujours est-il que, qui que soit l’individu concerné, les symptômes du burn-out restent les mêmes, et doivent toujours être pris au sérieux. Attaquons-nous désormais aux manifestations les plus courantes, et surtout à leur prévention.  

Reconnaître les signaux précurseurs pour mieux s’en protéger

Énergétiquement, nous connaissons tous des hauts et des bas selon les saisons et les périodes. On peut tous se sentir un jour ou l'autre un peu irritable et fatigué.   

3 critères peuvent cependant attirer notre attention quant à un risque d’épuisement :  

  1. La durée des symptômes, notamment s’ils sont présents depuis plus de 2 semaines.  

  2. Leur accumulation. De la fatigue, d'abord. Puis de l'irritabilité. Avant de ressentir des maux de tête... De plus en plus de manifestations apparaissent et deviennent sources de difficultés.  

  3. Leur fréquence. A quelle fréquence se manifestent les émotions négatives ?  Est-ce que je deviens de plus en plus agressif.ve, irritable ? Est-ce que je présente des difficultés d’endormissement et des troubles du sommeil ? Combien de fois par jour, combien de fois par semaine ?  

Vous ne remarquerez peut-être pas vous-même et spontanément la multiplicité, l’intensité et la fréquence des symptômes. Et quand bien même vous verriez clairement ces symptômes, vous les associeriez peut-être plutôt à une fatigue passagère, à un problème dans votre vie personnelle ou bien à une maladie chronique, plus qu’à un burn-out. 
Voilà pourquoi il est essentiel de prendre le temps de s’interroger, en essayant d’avoir un rapport objectif avec soi-même, et d’accueillir les remarques de son entourage (famille, équipe de travail, médecin traitant, etc.). 

Ces premières questions permettent d’envisager une prévention du burn-out, qui s’appuiera sur les sphères principales qu’il impacte : physique, intellectuelle et émotionnelle. 

Prévenir l’épuisement du corps en préservant son énergie physique

Concentrons-nous désormais sur votre vitalité : comment pouvez-vous prendre soin de votre corps et de vos ressources physiques ?  

Les symptômes physiques sont souvent liés au stress. Lorsqu’on est très sollicité par le travail, les manifestations physiques seront les premiers signes d’épuisement à apparaître (mais aussi les plus discrets).   

Restons à l’écoute de nous-même : notre corps nous parle.  

En cas d’épuisement, on peut développer des maux de dos, de tête, de ventre, des troubles du sommeil avec des nuits qui ne seront pas réparatrices.   

Occulter ces signes ou refuser de les soigner, c’est malheureusement prendre le risque d’une aggravation dont la convalescence sera plus délicate. 

Pour prendre soin de soi et prévenir l’épuisement, 3 champs relatifs à l’hygiène de vie seront essentiels à prendre à compte :  

  1. L'alimentation. L’essentiel est la régularité et la quantité de ce qu'on mange, ainsi que la composition de nos repas. 

  2. Le sommeil. Ici, deux préconisations pour un sommeil de qualité : limiter les écrans avant l’endormissement (ils stimulent le cerveau, neutralisant la phase de sommeil), et comprendre votre rythme naturel pour vous y adapter.  Luttez-vous contre les pics de fatigue à l’endormissement ? Vous réveillez-vous la nuit ?  

  3. L’activité physique. Elle vous permettra de conserver une énergie positive. Plus vous êtes sollicité au travail, plus cette activité va être importante pour recharger vos batteries et contrebalancer les émotions parfois négatives.  

Bien que le burn-out soit directement lié à la situation professionnelle, on peut donc le prévenir en agissant sur des facteurs propres à la vie et la santé personnelles. Mais prendre soin de son corps ne sera pas toujours suffisant pour se protéger : il faut aussi se préoccuper de son cerveau. 

Prévenir la surcharge mentale en préservant son énergie intellectuelle

La fatigue corporelle s'associe souvent à des questionnements sur notre charge mentale : “Quand je suis très fatigué, quelles sont les répercussions sur mon efficacité, ma performance, ma motivation, mes capacités de raisonnement ?” interroge Clémence Ruelle. 

Une fatigue mentale apparaît, ce qu'on appelle aujourd’hui la « surcharge mentale » ou le « surmenage ». 

Il s’agit d’une trop grande quantité d'informations dans notre cerveau.  

Nous ne pouvons pas enregistrer un nombre infini d'informations. Lorsqu’on sature, nos capacités de raisonnement s'en ressentent. 

Pour agir sur la charge mentale, on va donc s'attarder sur les préoccupations.   

Qu’est-ce qu’une préoccupation ? Il s’agit d’une fenêtre qui est ouverte dans votre cerveau (comme pour un ordinateur qui aurait trop de fenêtres ouvertes en même temps) et qui nous ajoutera une charge mentale supplémentaire.  

L’essentiel sera donc de décomposer les différents types de préoccupations : on va essayer de les trier, de les catégoriser, selon leurs simplicités, ou leurs complexités. 

L’idée, c’est de passer par des petites étapes. Vous pouvez dans un premier temps vous attarder sur les préoccupations qui sont simples et qui sont contrôlables.
Concernant les préoccupations incontrôlables, on tentera plutôt d’utiliser des outils de prise de recul et de gestion de l’émotion
Le but de cette démarche, c’est de demeurer dans l’action uniquement sur les préoccupations contrôlables : je peux le faire, alors quand vais-je le planifier ?
— Clémence Ruelle

Ce surmenage, pesant, génère à terme de l’anxiété qui impactera négativement nos émotions, pouvant mener jusqu’à la dépression. L’évaluation et la prise en charge de notre état émotionnel est donc un pan tout aussi important pour prévenir le risque de burn-out

Prévenir l'épuisement émotionnel en préservant son énergie psychologique 

Les signaux psychologiques du burn-out correspondent à vos émotions et vos pensées. C’est parfois très intrinsèque, au cœur de votre esprit et de votre ressenti, subtil, et donc difficilement visible par rapport à votre comportement.  

Certaines questions peuvent cependant aider à y voir plus clair : avez-vous tendance à vous dévaloriser ces derniers temps ? Ressentez-vous une baisse de confiance en vous ? Avez-vous tendance à être plus négatif sur le monde et sur les choses que d'habitude ? Ressentez-vous une perte d’intérêt pour des choses que vous aimiez auparavant ? 

Lors d’un épuisement, la difficulté propre aux émotions réside dans la proportion d’émotions négatives : elles vont être de plus en plus prépondérantes et occultent donc les émotions positives.   

Conséquence : un état de mal-être et une somatisation qui seront finalement néfastes pour notre santé.  

Il peut donc être essentiel de reprendre le contrôle de nos émotions, surtout lorsqu’on est fatigué et qu’on a tendance à fonctionner presque par automatisme. On ne prendra plus le temps de réfléchir à nos pensées et à nos émotions, d’où la survenue de complications sur le long terme. 


Notre Tips teale

La gestion des émotions peut être primordiale pour prévenir notre épuisement et se protéger des environnements stressants.  

Découvrez dans la solution bien-être au travail teale un exercice pour transformer ces pensées négatives en pensées positives. 


Et ensuite ?

Le syndrome d’épuisement professionnel, c’est finalement une rupture qui s’opère entre ce qu’on est, et ce qu’on fait. 

Au quotidien, la quête de la performance peut nous éloigner d’une quête plus subtile, mais pourtant indispensable pour construire nos réussites personnelles et authentiques : aller à la rencontre de nous-même, à travers nos vulnérabilités et dans notre unicité. 

Si cet article a été révélateur d’une situation d'épuisement pour vous, confiez-vous à vos proches, ou prenez le temps de consulter votre médecin du travail. N’hésitez pas à en faire part également à votre hiérarchie, que ce soit via un entretien individuel ou de manière anonyme par le biais des enquêtes menées par les ressources humaines, comme le baromètre QVT. 
Prenez soin de votre santé mentale. Sans culpabilité. Gardez à l’esprit qu’il vaut mieux prévenir que guérir : prenez-vous en main dès les premiers signes de surmenage au travail, pour éviter de glisser vers la dépression et l’arrêt maladie. Mais sachez aussi qu’il n’est jamais trop tard pour soigner le burn-out : un traitement est toujours envisageable, pour permettre au patient de retrouver peu à peu une stabilité émotionnelle et de sortir de la dépression liée au travail. 


À retenir 💡

  • La prévention du burn-out passe par une vigilance quant à notre énergie et nos ressources physiques, émotionnelles, et intellectuelles.  

  • Se protéger du burn-out, c’est aussi mener une introspection quant à nos émotions et nos pensées, dans l'objectif d'être le plus attentif à ces manifestations.   

  • L’enjeu de la prévention de l’épuisement n’est pas de supprimer les manifestations naissantes, mais de pouvoir les cerner le plus tôt possible. 

  • Ne culpabilisez pas : chaque personne a des hauts et des bas, des moments professionnels ou personnels difficiles. Vous avez le droit d'être en difficulté.  

  • Gardez à l’esprit que la fréquence et la récurrence des symptômes seront des signaux d’alerte : depuis quand sont-ils présents et êtes-vous en capacité de remarquer les signaux le plus tôt possible ? Si vous les remarquez, passez-vous à l’action pour prévenir l’épuisement ?  

 Vous êtes RH ? Découvrez notre guide pour préserver l’épuisement de vos collaborateurs ici. De la détection des signaux faibles à la mise en place de mesures préventives et à l’analyse de leur efficacité, il existe tout un panel d’outils pour garantir le bien-être des salariés. Car, même si à sa propre échelle, un individu peut agir pour prévenir le burn-out, cela est aussi et surtout du ressort de l’entreprise. 

 

Découvrez en avant-première nos prochains conseils bien-être et santé mentale

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